Dr. Laure Abi Khalil’s speech at the opening of the GTP
Global Tribunal on Palestine,Geneva, Switzerland, 6-8 June 2024
Mesdames et Monsieur bonjour.
Je tiens à remercier Dr haytham manna pour cette initiative de Genève qui est une occasion de traduire les sacrifices consentis par Gaza et les palestiniens dans le champ de droit international. Indépendamment de ceux qui la composent il faut redonner à la CIJ tout son rôle pour redonner à la charte de l’ONU sa place essentielle dans le fonctionnement opérationnel de l’organisation internationale. Le rôle de ces initiatives viendra en soutien comme un filet de protection pour la CPI ET CIJ.
Je tiens aussi à réaffirmer la situation de l’Afrique du sud et de tous les Etats qui se sont joints à elle dans la plainte déposer auprès de la cour internationale pénale. Aujourd’hui les tribunaux d’opinion sont en soutien supplémentaire, en outil de vigilance permanent et l’une des formes de l’action et de l’intervention des peuples dans les dynamiques institutionnelles de l’organisation des nations unies et des instances juridiques. D’où l’importance aujourd’hui en particulier de donner à cette initiative son rôle. Il faut que cette conférence débouche sur la création d’un tribunal d’opinion qui viendra en accompagnement et en soutien de l’Afrique du Sud.
Je propose le surnommer : Tribunal Russel – Mandela 2024 pour la Palestine.
Le titre de notre papier :
Génocide : une lecture des diverses significations conceptuelles et des manifestations génocidaires en Palestine-Gaza. 2023-2024
Résumé : Ce papier de recherche aborde le génocide au niveau conceptuel dans le but de révéler les différences entre les définitions et les approches liées à ce concept en Palestine. Cet article donne un aperçu du conflit Orient- « israélien » en cours et de sa dynamique. Ce qui nécessite une exploration à différents niveaux. Les sept approches présentées dans cette recherche se concentrent sur 7 volets :
Le premier : L’évolution des événements historiques en Palestine : 82 ans d’israélisation et de judaïsation
Étant donné que l’entité israélienne contrôle la sécurité, la terre et les êtres humains en Palestine, et que le mouvement sioniste sait qu’il n’y a aucune possibilité d’établir un programme palestinien global, l’entité cherche à créer ce qu’elle appelle un bon citoyen palestinien et arabe c.-à-d. qui accepte le système colonial et son influence interne et externe dans la région arabe.
En 2018, après 82 ans de mise en œuvre de politiques de judaïsation et d’israélisation en Palestine occupée, l’entité a appris que seul le contrôle de la terre reste incomplet à moins de commencer à mettre en œuvre une politique de normalisation avec les pays arabes, qui assure la bonne communication de l’entité avec son environnement, ainsi assurer sa pérennité.
Elle a ensuite décidé de renforcer son contrôle sur l’intérieur palestinien, en particulier sur la bande de Gaza, en construisant l’immense mur qui s’étend le long de la bande sur 65 km, pour un coût de 3,5 milliards de dollars selon la déclaration du ministre de la Défense de l’entité en 2021, Benny Gantz. Par la suite la Knesset « israélienne » a adopté la loi sur l’État-nation juif, qui déclare dans son introduction qu’« Israël est l’État national du peuple juif ». c’est une Politiques d’israélisation, une politique de sécurisation de l’entité sioniste qui se reflètent dans les pratiques consistant à imposer des restrictions globales sur les mouvements de 4,7 millions de Palestiniens en imposant un système de permis, en fixant des critères pour un bon Palestinien, en imposant des politiques de sanctions, en ciblant l’éducation et le système de valeurs palestinien, en fabriquant des mensonges pour perpétuer la division au sein du peuple palestinien et en diffusant des valeurs qui perpétuent un état de défaitisme palestinien.
La langue arabe et les symboles de l’identité palestinienne sont attaqués, en particulier après la promulgation de la loi sur la nationalité, qui appelle à l’annulation des programmes éducatifs palestiniens et au recours à des programmes éducatifs israéliens qui falsifient l’histoire et la géographie de la Palestine. Nous sommes ici confrontés à des violations légalisées des droits politiques, sociaux et économiques.
L’occupation a commencé par consacrer l’israélisation dans le but d’effacer l’identité arabe et d’imposer une nouvelle réalité inscrite dans la loi sur la nationalité, reconnaissant Jérusalem comme capitale de l’entité usurpatrice et remodelant la composition démographique.
Le deuxième : La loi sur la nationalité consacre le judaïsme et annule l’identité palestinienne :
La loi comprend des principes de base centrés sur les points suivants :
1- « La Terre d’Israël », qui est la Palestine historique, est une patrie historique réservée au peuple juif..
2- L’« État israélien » est un État ouvert au retour et à l’arrivée des Juifs de la diaspora.
Le troisième : l’approche démographique
Le mouvement sioniste a utilisé la démographie comme un outil essentiel pour atteindre son objectif ultime : établir un État juif sur les terres de Palestine. La seule façon qui leur a permis d’établir un État dans un endroit où il n’y a pas de Juifs, à l’exception d’une petite minorité qui a habité les terres du Levant il y a des siècles, a été par un ensemble de mesures démographiques :
– Faire venir des immigrants juifs de l’étranger et les implanter dans un premier temps à la campagne, puis construire des colonies qui forment des ceintures qui étranglent les villes palestiniennes et les assiègent de tous côtés.
– Déplacer les premiers habitants du pays de Palestine.
– Mettre en œuvre des politiques démographiques visant à augmenter le nombre de Juifs, naturellement en encourageant la fécondité juive, et artificiellement en appliquant les lois de judaïsation et d’israélisation.
– Mettre en œuvre des politiques de déplacement de population, opprimer les peuples indigènes restés fidèles à leurs terres et œuvrer à réduire progressivement leur nombre sur de longues périodes.
Les dimensions démographiques et juridiques n’étaient pas les seuls outils coercitifs utilisés par l’entité sur la terre de Palestine, mais au fil du temps, les Israéliens ont renforcé leur contrôle sur l’air, les frontières et la circulation des personnes et des biens. ce qu’il jugeait conforme à leurs intérêts, ignorant les droits et le statut juridique.
La judaïsation politique s’est accompagnée de la construction de colonies juives comme un objectif national israélien légitime. Environ 50 colonies ont été construites dans ce que l’on appelle l’enveloppe de Gaza. Le nombre de colons dans cette zone s’est élevé à environ 55 000 colons. Selon la loi, tous les Juifs israéliens se voient accorder un statut plus élevé que les Palestiniens vivant dans les mêmes villes, que ce soit en termes de liberté de mouvement, de construction ou d’octroi de droits aux proches. Le gouvernement Netanyahu s’est engagé à formaliser la réalité dominante de domination et d’oppression systématique.
Nous avons été témoins de cette oppression lors de la bataille d’Al-Aqsa, au cours de laquelle l’armée d’occupation israélienne a commis les types de génocide les plus horribles.
Quatrième : Génocide : Définition conceptuelle :
Nous parlons de la destruction du peuple palestinien, de sa capacité à se reproduire et de la destruction de la famille. C’est l’essence des crimes commis contre la Palestine. Par conséquent, le génocide requiert une charge de preuve élevée, qui comprend des actes liés au meurtre, à des dommages physiques et mentaux, ainsi qu’au transfert forcé de personnes hors de leurs terres. Ce sont toutes des exigences légales pour le génocide.
Le Cinquième : Le Cadre Normatif pour le Crime de Génocide
Ce crime est donc l’un des crimes qui ont retenu l’attention de la communauté internationale en raison de sa gravité, car il est considéré comme un crime international, qui a entraîne de graves pertes humaines et porte atteinte aux droits humains fondamentaux.
le sixième : L’approche théorique pour comprendre le concept de génocide
Selon Lemkin, le génocide se déroule en deux étapes :
A – La première étape : la destruction du modèle national de l’État opprimé, qui implique une mort physique massive et la destruction des relations sociales, de l’identité et de la vie communautaire.
A Gaza : la guerre « israélienne » d’anéantissement ciblant le Palestinien dans son identité et sa société. Nous sommes ici devant la prévention des meurtres de masse. Nous sommes devant une guerre d’extermination, dont les schémas sont dessinés par la géographie de l’anéantissement physique et sociétal du peuple palestinien assiégé, commis par l’occupation israélienne contre Gaza blessée. La guerre est entrée dans son huitième mois vu le nombre de martyrs des disparus des blessés et des handicapés. Ces chiffres sont effrayants et sans précédent pour ce qui est observé à l’ère moderne, dans une petite zone géographique comme Gaza, qui ne fait que 365 kilomètres carrés. Il s’agit d’un crime de génocide qui imite la définition internationale du génocide.
B- La deuxième étape : imposer le modèle national de l’oppresseur. Cette imposition signifie éliminer la population et coloniser la région par l’oppresseur.
Le septième : le génocide d’un point de vue sociologique. Pour plus de détails vous vous referez a notre papier de recherche.